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Jubilé du Monastère Sainte Claire : 800 ans d’histoire

Cette année, c’est au tour des clarisses de Cormontreuil (Reims), de jubiler : 1220-2020

Chronique ancienne des clarisses de Reims, milieu du XVIIè siècle (D.R.)

Reims, 1220-2020

Une chronique rédigée au XVIIe siècle (photo), mais se basant sur des archives plus anciennes, nous apprend en effet que l’archevêque de Reims, Albéric, de retour du concile de Latran (1215), visite Saint-Damien et demande à sainte Claire d’envoyer de ses filles en France.

Si on en croit la chronique, les clarisses sont donc présentes à Reims dès 1220, et elles sont les premières à s’établir au nord de la Loire, soit quelques années à peine après les frères mineurs.

En 1219, une certaine sœur Marie de Braye quitte Assise et est reçue l’année suivante — donc en 1220 — à Reims par le successeur d’Albéric, Guillaume de Joinville. Celui-ci lui accorde la permission de bâtir un monastère dans sa ville et fournit même le lieu d’implantation, un petit cimetière sur la paroisse Saint-Denis. La fondation fait souche rapidement, mais ce n’est qu’après la mort de Marie de Braye (1230), que, sur les conseils de sainte Claire et du ministre général de l’Ordre de saint François, fut élue la première abbesse « des pauvres sœurs de Saint-Damien de Reims ». Le 20 novembre 1237, l’archevêque de Reims consacre la petite église du monastère et la dédie à sainte Élisabeth de Thuringe, qui vient d’être canonisée (1235).

Elles y resteront — au travers de bien des vicissitudes (un violent incendie en 1400), mais aussi de quelques moments de gloire (deux sœurs de Colbert y seront abbesses) —, jusqu’à ce jour funeste du 4 septembre 1792 au cours duquel 21 sœurs et un frère laïc devront quitter le monastère, sous la pression des ordonnances révolutionnaires.

Plan du monastère (1754) avec ses toitures (D.R.)

Empire et Restauration : longue absence des Clarisses

La communauté rémoise, contrairement à d’autres, ne s’est pas reconstituée sous l’Empire et la Restauration. Pourquoi ? Le colloque historique « Soeurs Pauvres, huit siècles de vie clarisse à Reims, 1220-2020 », qui se réunira en octobre prochain, tentera, entre autres, de répondre à cette question. Toujours est-il qu’il faudra attendre plus d’un siècle, jusqu’en 1933 exactement, pour voir réapparaître des clarisses à Reims.

Grâce à l’appui d’une bienfaitrice tourangelle, madame de La Valette, et avec l’accord du nouvel évêque du lieu, Mgr Emmanuel Suhard, un essaim de clarisses colettines venues de Nantes s’implante, non pas en ville, rue Brûlée, comme il était prévu tout d’abord, mais en proche banlieue, à Tinqueux, à l’endroit où des tertiaires avaient reproduit à l’identique une chapelle de la Portioncule, et où vivaient des capucins. Ceux-ci déménagent rue Brûlée tandis que les sœurs récupèrent leur couvent.

Tinqueux, puis Cormontreuil

À Tinqueux, la communauté va connaître les heures terribles de l’Occupation, mais aussi les années pleines d’espérance et d’optimisme du concile Vatican II et de l’aggiornamento. L’immense monastère, construit dans les années cinquante, s’avère pourtant inadapté à la communauté moins nombreuse et plus âgée des années 1990. En l’an 2000, les sœurs rejoignent un nouveau monastère, plus simple, plus pauvre et sans doute déjà plus écologique, à Cormontreuil, dans une autre périphérie de Reims.

Soeurs clarisses de Cormontreuil (clarisses-cormontreuil-catholique.fr/)

On ne peut donc pas parler en toute rigueur de termes de huit siècles de présence des clarisses à Reims, et l’actuelle communauté (photo) n’a pas grand chose à voir avec celle qui habitait le monastère d’Ancien régime — dont il ne reste rien et qui se trouvait à l’emplacement de l’actuel Conservatoire de musique (20, rue Gambetta). Ainsi les sœurs de Cormontreuil suivent la règle de Claire alors que leurs sœurs rémoises étaient des urbanistes, et observaient la règle d’Urbain IV.

Pourtant ce sont bien les clarisses de Cormontreuil qui ont pris la décision de vivre une année jubilaire, commencée le 17 novembre dernier, jour de la Sainte-Élisabeth, en présence du nouvel archevêque, Éric de Moulins-Beaufort. Certes, les historiens sont partie prenante de cette commémoration. Mais l’année jubilaire a été décidée par les clarisses. Celles-ci ont en effet d’autres attentes que les historiens : faire mémoire, bien entendu, mais pour aller de l’avant. Pour toujours davantage être au service du peuple de Dieu qui est à Reims. « Nous osons vous le dire, s’est exclamé l’archevêque, nous avons besoin de vous ». Et comment !

Auteur : Pierre Moracchini, janvier 2020
(extrait de l’article publié dans Le Messager de Saint Antoine, n. 1379)

Visitez le site des Clarisses de Cormontreuil et le programme du jubilé