"L’ordre propre aux communautés humaines est d’essence morale. En effet, c’est un ordre qui a pour base la vérité, qui se réalise dans la justice, qui demande à être vivifié par l’amour et qui trouve dans la liberté un équilibre sans cesse rétabli et toujours plus humain" Jean XXIII, Pacem in Terris §37
Nous nous devions, en tant que Amis de la Bibliothèque franciscaine, de célébrer comme il convient, l’anniversaire de cette grande Encyclique Pacem in Terris, document qui porte la date du Jeudi saint 11 avril 1963 et qui peut être considéré comme le testament du bon Pape Jean XXIII !
Plusieurs intervenants se sont succédé devant une belle assistance au cours de cette soirée.
Tout d’abord, Frère Luc Mathieu, ofm, nous a aidés à méditer sur la figure de St François, l’homme de la paix. Dès sa conversion, François fait l’expérience de la Paternité de Dieu. François propose à ses disciples de vivre, confiants dans la bonté de Dieu, comme des frères, sous le regard du même Père. Une fraternité qui s’étend à tous les hommes. Jésus-Christ s’est fait homme parmi les hommes pour sauver tous les hommes. Pour François, c’est d’abord cette fraternité qui engendre la paix. "Que le Seigneur Te donne sa paix !". St François recommande à ses frères : "Cette paix que vos bouches proclament, vous devez d’abord l’avoir dans le coeur". Etre des faiseurs de paix, telle est la vocation de frères franciscains.
En 1217, François part en Orient. Il se retrouve parmi les croisés. Il se fait prédicateur de la paix. Il parvient miraculeusement à rencontrer le Sultan : un geste significatif de paix en pleine violence guerrière !
L’une des oeuvres principales des frères fut d’organiser des rencontres de conciliation dans les villes entre les différentes classes sociales. C’est notamment l’épisode de la ville d’Arezzo d’où François a chassé les démons de la discorde. En ajoutant une dernière strophe au Cantique des créatures, et en la faisant chanter par ses frères, François obtint la réconciliation entre le Podestat d’Assise et l’Evêque. La paix est un don de Dieu. Le péché a introduit dans le monde la racine de tous les conflits. mais surtout le péché a rompu l’alliance originelle entre les hommes et le Créateur.
Saint Bonventure, ce grand Docteur de l’Eglise, dont les écrits s’inspirent de l’expérience évangélique de François, a cherché à aspirer de tout son être à connaître la paix en Dieu. Lorsqu’elle est parvenue à saisir l’amour rédempteur signifié par la Croix, l’âme peut enfin accéder à la contemplation du mystère divin et se reposer dans la paix de Dieu. C’est le terme du chemin de l’âme vers Dieu.
"En pensant aux pauvres, j’ai pensé à François d’Assise, puis j’ai pensé aux guerres... François, c’est l’homme de la paix et c’est ainsi que m’est venu le nom de François dans mon coeur. L’homme de la pauvreté, l’homme de la paix, l’homme qui aime..." (confidence du Pape François, au moment de son élection).
"Loué sois-Tu, mon Seigneur, par ceux qui pardonnent par Amour Pour Toi, pour ceux qui supportent épreuves et maladies. Heureux s’ils conservent la paix. Par Toi, ô Très Haut, ils seront couronnés !" Cantique des créatures de François d’Assise
Puis Pierre Moracchini, rédacteur en chef de notre revue "Etudes Franciscaines" nous a parlé, avec chaleur et verve, de Jean XXIII, Pape et tertiaire franciscain.
Angelo Giuseppe Roncalli est né dans un petit village près de Bergame "Sotto el Monte", dans un milieu profondément chrétien. Roncalli a souvent dit que, quand il ouvrait la fenêtre de sa maison, le premier monument qu’il voyait, était le clocher d’un couvent franciscain : le couvent de Bacccanello. Un lieu très important dans la vie du futur Pape. Jean XXIII fera cette confidence : "Après un long voyage à travers le monde, rien ne me fut jamais aussi doux et délicieux pour mon âme que de revenir à Baccanello, à cette innocence, à cette douceur, à cette sainte poésie de la vie chrétienne, mûrie dans le sacerdoce et dans le service de l’Eglise et des âmes".
Très tôt, à l’âge de 15 ans, il va faire son engagement dans le Tiers-Ordre franciscain. Toute sa vie, ses paroles et son enseignement, porteront le témoignage d’une imprégnation franciscaine profonde. Partout où il va, il tisse des liens d’amitié avec les frères et soeurs de la famille franciscaine.
En 1959, il le rappellera au Latran au cours d’une audience qu’il donne à des tertiaires : en jouant sur son second prénom (Giuseppe=Joseph) et sur l’épisode de Joseph et de ses frères, il interpellera les tertiaires par ces mots : "Je suis Joseph, votre frère !".
Mgr Capovilla, qui a été le secrétaire particulier du Pape Jean XXIII, a fait cette confidence : Pacem in Terris est le texte fondamental du XX° siècle !
Enfin, le père Alain Paillard, délégué ecclésiastique national de Pax Christi,
nous a remis en perspective l’Encyclique Pacem in Terris. Il nous a rappelé que le Pape Jean-Paul II avait déclaré aux jeunes pour les Rameaux 2003 (pour les 40 ans de l’Encyclique) : "Je vous remets à vous, jeunes du monde entier, ce document historique si actuel. Lisez-le, méditez-le, efforcez-vous de le mettre en pratique. Vous serez alors bienheureux parce qu’authentiques fils du Dieu de la Paix !".
Cette Encyclique doit être comme l’un de nos livres de chevet. Non seulement, il est important de la fêter, mais aussi de la vivre !
L’un des côtés novateurs de cette Encyclique : c’est qu’elle se veut être un appel à tous les hommes de bonne volonté, et pas uniquement aux chrétiens !
Le thème central de l’Encyclique est porté par la notion de l’ordre. "La paix est la tranquillité de l’ordre" (St Augustin). La nature de cet ordre fonde la problématique des droits et des devoirs de la personne humaine : une des avancées de l’Encyclique !
On peut aussi voir qu’il y a des champs nouveaux à découvrir et qu’il nous faut regarder dans une logique d’enrichissement de ce texte.
Le message pour la journée mondiale de la paix 2013 du Pape Benoît XVI, en commémorant le 50° anniversaire de Pacem in Terris, reprend des éléments de cette Encyclique : notamment les 4 piliers de la construction d’un vivre-ensemble fondé sur la vérité, la liberté, l’amour et la justice.
Mais en s’inspirant des racines sémitiques de notre Révélation, Benoît XVI a élargi les fondements de la paix. "Shalom" : cette racine sémitique qui signifie la paix, veut dire également plénitude, accomplissement. "Que la paix soit avec vous" : ce souhait n’est pas tout à fait la tranquillité de l’ordre, même si ça n’y est pas étranger non plus. Pour nous, la paix, c’est le travail de Dieu. C’est le Christ qui est notre paix. C’est participer au travail d’accomplissement que le Christ réalise ! Le Message pour la Paix de Benoît XVI vient ainsi compléter et enrichir Pacem in Terris.
Le père Alain Paillard nous a ensuite présenté succinctement Pax Christi, mouvement fondé en 1944 autour de la "prière pour la paix", lancée spécialement en France et en Allemagne à cette époque-là.
Un mouvement qui a bien grandi depuis, un mouvement qui prie, qui réfléchit et qui agit.
Les domaines d’action de Pax Christ peuvent être résumés sur 5D :
le Dialogue (et l’éducation à la paix), le Désarmement, le Développement ("le nouveau nom de la paix, c’est le développement", Cardinal Feltin en 1960), les Droits de l’homme, la Défense de la Création et de l’Environnement (pour travailler à la paix entre les générations).
Le bienheureux pape Jean-Angelo Roncalli "était un homme capable de transmettre la paix", mais il "transmettait la paix parce qu’il avait un esprit profondément pacifié. Il s’était laissé pacifier par l’Esprit-Saint ; et cette pacification était le fruit d’un long et exigeant travail sur lui-même", a déclaré le Pape François, ce 3 juin 2013, à l’occasion du 50° anniversaire de la mort du bienheureux Pape Jean XXIII.
RSS 2.0