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2013-01-10 - Frère Luc, un peintre franciscain au siècle de Louis XIV, par Jean-Jacques DANEL, ofm et Jacqueline TOUCHAIS-YANCA du Centre d’Etudes du Pays Sézannais

Après notre découverte de John Bradburne, vagabond de Dieu, martyr franciscain du XXème siècle, nous avons fait connaissance avec une autre figure « hors-norme » de la famille franciscaine : en la personne de Claude François (1614-1685), peintre de talent, qui, devenu frère récollet sous le nom de Frère Luc, nous a laissés un ensemble imposant de peintures à motif religieux.

Une assistance fournie a participé à cette soirée, donnée par Jean-Jacques DANEL, frère franciscain et historien d’art, frère Jean-Jacques Danel (qui a consacré un Mémoire de Maîtrise à Frère Luc et ne cesse de s’intéresser à ce peintre franciscain) et Jacqueline TOUCHAIS-YANCA, Mme Jacqueline Touchais-Yanca du Centre d’Etudes du Pays Sézannais. Madame Jacqueline Touchais-Yanca a organisé une journée d’études à Sézanne autour de Frère Luc, qui a peint un ensemble de tableaux pour la chapelle du couvent des récollets de Sézanne, devenue aujourd’hui chapelle de l’hôpital de cette ville. Nos deux intervenants nous ont fait partager leur admiration et leur passion pour ce peintre franciscain qui commence à être mieux connu de nos jours !

Un peintre tout d’abord. Claude François naît à Amiens en 1614 dans une famille de fabricants de draps. A l’âge de 18 ans, il se rend à Paris pour se former dans l’atelier du peintre Simon Vouet. En 1635, il va parfaire sa technique à Rome pendant quatre années, pour s’initier à la peinture italienne : une peinture claire, compréhensible, qui privilégie l’émotion. De retour à Paris, il acquiert le titre de « peintre du Roi » après une brève collaboration à la décoration de la grande galerie du Louvre, sous la direction de Nicolas Poussin. Puis, il entre au Couvent des Récollets de Paris, rue du Fg. Saint-Martin en 1645 et devient frère mineur sous le nom de Frère Luc.

Un religieux, qui va peindre pour de nombreux établissements franciscains à Paris, à Melun, Sézanne, Châlons en Champagne, Saint-Germain-en-Laye, Rouen, Versailles, Orléans, Nemours, entre autres !... En cette époque de l’après-Concile de Trente, la peinture dans les églises va devenir, en effet, une sorte de prédication silencieuse, un moyen de présenter par l’image les mystère de notre foi. Frère Luc fera passer dans ses peintures la grande tradition franciscaine du primat du Christ qui se donne à voir dans son humanité, à la Crèche jusqu’à la Croix.
On remarquera que sur un certain nombre de ses peintures, Frère Luc attache de l’importance au fait que St François était diacre : il n’oublie pas de le représenter avec l’étole de diacre. Dans un siècle où l’on insiste beaucoup sur le prêtre, Frère Luc était lui-même diacre, comme St François, qui avait refusé la prêtrise, car il ne s’en estimait pas digne.

Un voyageur . En mai 1670, il embarque pour la Nouvelle-France, en compagnie de l’intendant JeanTalon et du père Germain Allart, futur évêque de Vence. Durant son séjour canadien de 15 mois, il réalise le premier retable de l’école canadienne dans la chapelle du couvent des Récollets devenue chapelle de l’hôpital général de Québec.

De retour en France, en 1671, il séjourne à Sézanne de 1672 à 1675, pour réaliser le cycle de la vie de Saint François d’Assise, dans la chapelle du Couvent des Récollets.

Il termine ses jours au couvent des Récollets de Paris et s’éteint en 1685, à l’âge de 71 ans.

On remarquera l’importance du coloris dans la peinture de Frère Luc. Ainsi, en se servant avec art de la couleur, Frère Luc va obtenir un très beau rendu des visages. Une bonne partie de la source de Frère Luc provient des écrits de Saint Bonaventure ou des Méditations sur la vie du Christ qui étaient à l’époque attribuées à Saint Bonaventure. L’un des talents de Frère Luc a été de savoir rendre en une image tout un récit un peu complexe.
Frère Luc nous introduit par sa peinture dans sa contemplation du Mystère du Christ, de la Vierge et des Saints. S’il fallait résumer la peinture de Frère Luc, on pourrait parler d’une « pieuse affectivité », bien dans la veine de la spiritualité franciscaine !

Une soirée exceptionnelle consacrée à la redécouverte d’un très grand peintre et à la spiritualité franciscaine vue par l’intermédiaire de l’art et de la peinture !

Ecouter en ligne cette soirée

Pour votre joie, reproductions de quelques tableaux de Frère Luc :

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Croix admirable à Jésus quoiqu’ignominieuse
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La Ste Famille
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François d’Assise reçoit les stigmates (chapelle de l’Hôpital - Sézanne)
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La communion miraculeuse de St Bonaventure (Cathédrale d’Amiens)
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La Pentecôte (chapelle de l’Hôpital-Sézanne)
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Le Christ en croix avec Ste Marie-Madeleine
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La mort de St François
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Le triomphe du Christ ou l’Assomption de la Vierge
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L’enfant-Jésus adoré par les Anges (Eglise St Sauveur - La Rochelle)
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L’extase de St Pierre d’Alcantara (Eglise Notre-Dame de Bonne Nouvelle -Paris)
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L’indulgence de la Portioncule
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St Bonaventure
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le colloque entre François -avec l’étole de diacre- et le Christ (Musée de Blois)
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St François et la fiole présentée par l’Ange (musée d’Orléans)
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Ste Catherine de Sienne
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St Elzéar et Ste Delphine de Sabran recevant le cordon de St François